Comment faire le deuil de mon animal ?

Si nous cherchons dans nos souvenirs, le départ d’un compagnon est très souvent le premier contact que nous avons eu avec la mort.

 

LE DEUIL ET SES DIFFERENTES ETAPES :  

Faire le deuil de notre compagnon demande du temps et, même si, pour certains cela peut aller plus vite que pour d'autres, il y a des étapes à parcourir que nous appellerons le cheminement du deuil.

 

Etudié par de nombreux spécialistes en psychologie, nous pouvons distinguer cinq étapes à franchir : 

 -     Le choc 

-       Le marchandage (dans certains cas)

-       Le déni et/ou la colère 

-       La tristesse et le chagrin 

-       Et enfin l'acceptation.

 

Le passage de ces étapes peut bien évidemment se faire dans cet ordre ou dans un ordre différent. 

Ce cheminement se fera en règle générale par boucle et différentes émotions vont  périodiquement revenir à la surface pour nous rappeler que le processus est en route. Ainsi lors du départ de notre animal le sentiment de vide, de manque, voire d'abandon reviendront par vagues à des moments bien précis. 

Par exemple, toutes les fois que nous ferons une activité que nous avions l'habitude de faire avec notre animal, nous balader en forêt, passer près de l'endroit où il avait son panier, passer à table ou aller se coucher s’il dormait dans notre chambre...

 

Bien que chacun réagisse différemment le processus de deuil présente certaines constantes. Le schéma le plus souvent reconnu se compose des cinq phases définies par Elisabeth Kubler-Ross. 

 

Phase 1 – Le choc appelé aussi l’Abattement et le refus 

Cette première phase se caractérise par la dénégation, l'incrédulité. Elle commence lorsque le vétérinaire annonce un diagnostic très pessimiste ou déclare que l'animal est mort. Le gardien refuse alors la réalité, et nous pourrons même prononcer souvent des phrases comme "c'est impossible", ou "mon chat n'a sûrement pas ça". Au cours de la première phase, le gardien a l'air abasourdi. Si son animal est encore vivant, il peut insister sur des détails sans importance plutôt que sur le vrai problème. Il peut aussi vouloir consulter un second vétérinaire pour demander un autre diagnostic, ou d'autres possibilités de traitement.

 

Lorsqu’une souffrance trop intense surgit, le corps ne peut pas la gérer et réagit en secrétant des hormones pour se couper de la réalité. C’est une mesure de survie qui permet à notre corps de trouver la force de continuer plutôt que de nous écrouler. Nous pouvons même être tétanisés et ne pas réagir... Certains symptômes physiques pourront apparaître  tels que le bourdonnement d’oreille, la vue qui se brouille, une sensation de froid qui nous transperce, voir même une syncope. Chacun réagit avec sa sensibilité. 

 

Phase 2 - Le marchandage 

Les gardiens tentent parfois de "marchander avec Dieu" en promettant telle ou telle chose si l'animal est sauvé. 

Pendant cette phase, nous prions plus que de coutume. 

Ce marchandage peut aussi s'exprimer concrètement par une demande d'opération ou de traitement coûteux et malheureusement voués à l'échec.

 

Phase 3 – Le Déni et/ou la Colère 

Lorsque le choc et l'incrédulité s'estompent, le gardien ressent souvent de la colère. Celle-ci peut être dirigée contre le personnel de la clinique, et s'exprimer par des phrases telles que : "Pourquoi n'avez-vous pas fait d'autres tests ?" ou encore "Vous voulez peut-être tuer mon chien? "...

 

Au cours de la deuxième phase, le gardien peut en vouloir à ceux dont l'animal est bien portant, alors que le sien est malade, et enfin tourner sa colère contre lui-même en se culpabilisant. Une personne consciente de ses responsabilités est capable de se torturer en évoquant des négligences imaginaires. Si l'animal est tué dans un accident, cette culpabilité peut se révéler particulièrement intense.

 

Le déni nous permet de renier la souffrance comme si nous émotions étaient anesthésiées. Nous ne souhaitons pas reconnaître la réalité de la perte de notre animal ni éprouver la souffrance qui en découle.  Alors, nous nous racontons des histoires... Nier la souffrance c’est faire comme si elle n’existait pas tout en vivant une double privation : celle du deuil et celle de la reconstruction. En conséquence de quoi, essayons que cette étape soit la plus courte possible.

 

Phase 4 – Le Chagrin et la tristesse qui peuvent amener jusqu’à la dépression

Au cours de la quatrième période, le gardien éprouve un violent chagrin de la mort (imminente ou advenue) de son animal. La durée et l'intensité de cette affliction dépendent de l'étroitesse des liens affectifs, de leur durée et des autres pertes, réelles ou imaginaires que le gardien aura éprouvées dans sa vie.

 

La dépression peut alors survenir, caractérisée par un repli sur soi et le développement de troubles du comportement : apathie, insomnie, anorexie, etc.

Cette phase est souvent celle de la solitude, nos amis vaquent à leurs occupations sans se douter de notre inconfort moral, du manque que nous ressentons et de cette absence omniprésente. 

 

C’est le moment ou les souvenirs affluent en tous sens : une ballade, une émission à la télé sur les animaux, quand nous rentrons le soir à la maison et qu’elle est vide.   

 

Parfois des regrets pointent leur nez : pour les jours où nous ne nous sommes pas occupés de notre animal comme nous aurions dû.... pour ne pas avoir pu lui faire un dernier câlin... 

 

Nous pouvons aussi laisser la place à la culpabilité : pour les jours ou nous nous obligeons à penser à autre chose, d’avoir refusé une chimiothérapie, ou d’avoir manqué d’argent à ce moment, ou pour avoir eu recours à l’euthanasie...

 

Phase 5 - Résignation ou acceptation 

Avec le temps, le gardien dont le « deuil » évolue normalement, commence à moins ressentir la colère, la culpabilité et la peine intense que lui causait la mort de leur animal. Le souvenir de celui-ci ne s'accompagne plus de vagues de chagrin intense. Il est capable de penser à son compagnon, de voir des objets qui lui appartenaient ou des animaux qui lui ressemblent sans trop en souffrir.

 

La présence d'un animal de compagnie commence à lui manquer, et il peut envisager d'en prendre un autre. C'est là un signe certain qu'il a accepté la réalité. Une telle décision aura nécessité une évaluation objective de son mode de vie ainsi que de sa capacité d'aimer un autre animal, différent de celui qu'il a perdu, et qui aura une personnalité et des caractéristiques bien à lui.

 

La durée des étapes précédemment analysées est foncièrement variable, allant de quelques heures à quelques mois en fonction des individus. Différents facteurs influencent ces cinq étapes du deuil, comprenant l'âge de l'animal, la longueur de la vie en communauté, le degré d'attachement, la mort soudaine ou progressive, la propre histoire de chaque individu.

 

 

En résumé, le plus important est que, lors de notre deuil, nous puissions reconnaître, accueillir et exprimer les émotions que nous vivons... Les pensées qui nous traversent l’esprit, les questions qui nous perturbent...  Il est essentiel que nous acceptions de vivre nos émotions, d’exprimer notre colère et notre révolte, d’accueillir la tristesse et de nous retrouver de temps en temps seuls afin de laisser couler nos larmes. Et tant pis, si certains humains ne nous comprennent pas ! 

 

« la vie et la mort sont imprévisibles, inconstantes, inextricablement liées l'une à l'autre dans une danse dont nous pouvons compter les pas, fredonner la mélodie mais jamais connaître à l'avance la dernière mesure. »

Marina von Allmen-Balmelli